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Nous savons depuis longtemps qu’un aménagement s’inscrivant dans une visée à long terme, durable et significative ne peut se faire sans la collaboration de la collectivité. C’est pourquoi nous misons sur les projets axés sur le transport en commun, où les résidents sont au centre du processus dès le premier jour. Il est essentiel d’ouvrir le dialogue et d’établir des liens de confiance afin de procurer des avantages à long terme – un accès à des logements abordables, des possibilités d’emploi, des parcs et espaces publics, etc. – et de rentabiliser les investissements dans les transports en commun en maximisant l’adoption des transports en commun.

Un plan réussi nécessite la mobilisation de la collectivité pour obtenir des informations utiles, de clarifier toute ambiguïté et d’établir un consensus. Pour y parvenir, il est primordial d’adopter une approche collaborative centrée sur la participation de la collectivité. Notre équipe a établi cinq considérations clés qui permettent d’accroître le niveau de confiance et la transparence et de recueillir les commentaires de la collectivité au regard de la conception et de la mise en œuvre de l’aménagement proposé.

1. Élaborer un plan de participation et fixer des objectifs précis

Il est essentiel de disposer d’un plan et d’avoir des objectifs précis en matière de participation de la collectivité. Le plan doit préciser les membres de la collectivité devant être consultés, les éléments du projet nécessitant une consultation publique et lesquels ne le requièrent pas (et pourquoi), et il doit aussi mentionner les approches et les indicateurs de réussite utilisés.

Quelques semaines seulement avant la pandémie, notre équipe a commencé à travailler sur le plan d’aménagement axé sur le transport en commun « 25Connects » de la Greater Cleveland Regional Transit Authority (GCRTA). En raison de la COVID-19, l’équipe a dû rapidement s’adapter aux règles mises en place par les autorités sanitaires. Des séances de consultation publique en ligne ont été organisées, ainsi que des rencontres en personne avec de petits groupes ciblés.

Tout au long du projet, des objectifs ont été fixés quant au nombre de personnes à consulter, et l’équipe a soigneusement vérifié si la participation reflétait les caractéristiques démographiques de la collectivité locale, notamment l’âge, l’origine ethnique et le genre. À défaut d’une participation adéquate, des mesures supplémentaires ciblées étaient prises pour obtenir la rétroaction manquante.

Les progrès accomplis par rapport aux objectifs étaient régulièrement évalués, et les caractéristiques démographiques des participants ont été analysées au moyen de sondages, ce qui a permis de déterminer si des consultations supplémentaires étaient requises. L’équipe a pu gagner la confiance de toutes les parties prenantes et parvenir à un consensus, avec pour résultat un plan présentant une orientation claire de la mise en œuvre du projet, avec un corridor de transport en commun et la voie à suivre pour une transformation continue du territoire longeant celui-ci.

2. Apprendre à connaître les membres de la collectivité

Les personnes sont au cœur des projets d’aménagement axé sur les transports en commun, et pour en assurer la réussite, il est important de comprendre les besoins de la collectivité. Lors de l’élaboration d’un plan de participation, il est essentiel de tenir compte des aspects culturels et socio-économiques des habitants du secteur : profil, expérience avec projets de ce type, niveau de confiance envers les autorités locales, horaire de travail, profil d’emploi, capacité à participer à des rencontres, etc. Tous ces éléments – et bien d’autres – doivent être pris en considération dans la stratégie. 

Prenons par exemple le plan d’aménagement du corridor « 25Connects » à Cleveland, situé dans les quartiers de la ville comptant le plus grand nombre d’Américains hispanophones et d’origine sud-américaine de l’État. Afin de maximiser l’accès à l’information et la participation des habitants, l’équipe a établi une stratégie qui prenait en compte les particularités socio-économiques et culturelles de la collectivité. Un programme de communication bilingue a été mis en place, comprenant des dépliants bilingues et la traduction d’événements, un portail en espagnol, des présentations et des événements en espagnol. De nombreux participants ont déclaré se sentir plus à l’aise de donner leur avis dans un environnement espagnol, ce qui en fait le plus grand projet de participation bilingue jamais entrepris par la GCRTA et la ville de Cleveland.

3. Tout mettre en œuvre pour assurer une participation élevée

Les membres de la collectivité doivent avoir la possibilité d’apporter leur contribution à toutes les étapes d’un projet et par différents moyens, afin qu’ils puissent exprimer leur opinion d’une manière qui leur convient, et selon leur niveau d’intérêt et le temps dont ils disposent. Durant le projet de l’aménagement des stations sur l’avenue New Bern, à Raleigh (Caroline du Nord), nous avons utilisé un outil Web graphique, appelé StoryMaps, qui offre une interface en libre-service où les membres de la collectivité ont pu explorer l’histoire, les données démographiques et sur le logement, et bien d’autres aspects de la zone concernée par le projet. Sur cette plateforme, l’équipe a aussi mis en ligne des sondages, les résultats de ceux-ci ainsi que d’autres documents relatifs au projet, publiés à mesure de leur élaboration, ce qui en a fait une source unique d’informations actualisées en continu. 

Les éléments les mieux accueillis dans la plupart des projets comprennent ArcGIS Survey 123, une plateforme conçue pour créer, publier et analyser des sondages et des questionnaires sur les préférences visuelles, ainsi que les ateliers en personne et les activités en petits groupes, comme des tours guidés et des groupes de discussion. Pour assurer un accès universel à l’information, tous les outils numériques de toutes les plateformes sont testés, et une version adaptée aux cellulaires est créée au besoin.

En proposant de nombreux moyens de communication et de participation, nous nous assurons que les collectivités contribuent à l’évolution du projet, ce qui permet d’avoir une meilleure rétroaction et une meilleure adhésion du public.

4. Être transparent quant aux changements

Lorsque des discussions sont menées sur un projet d’aménagement axé sur les transports en commun, les appréhensions face au changement et à l’inconnu sont chose commune, et elles sont légitimes. Les collectivités déjà établies, en particulier celles situées en dehors des centres-villes, craignent souvent de perdre le caractère unique de leur secteur. Les résidents et les propriétaires d’entreprises de longue date peuvent craindre de devoir quitter leur quartier en raison de l’augmentation de la valeur des propriétés et du coût des loyers, et il peut y avoir une profonde méfiance à l’égard du gouvernement, des promoteurs et des entrepreneurs.

Le changement est toutefois inévitable et l’objectif d’un projet d’aménagement axé sur les transports en commun est d’orienter et de guider ce changement pour générer des résultats positifs pour la collectivité. Nous déterminons les changements qui seront apportés, lesquels sont souhaités et lesquels sont appréhendés, et nous discutons avec les participants du niveau de changement acceptable afin de nous assurer que les répercussions et les bénéfices de l’aménagement sont partagés entre toutes les parties.

5. Utiliser la communication visuelle et simplifier les concepts complexes

Lors de l’analyse des changements potentiels, la composition socio-économique de la collectivité est prise en considération, et une évaluation est réalisée afin de déterminer si le nouvel aménagement est susceptible d’entraîner des déplacements de population ou d’autres conséquences négatives. L’accent est souvent mis sur l’importance de l’abordabilité des logements et de la diversification des biens immobiliers, et d’apporter de manière proactive des modifications aux politiques – qui sont souvent obscures et complexes – avec la participation des résidents et des collectivités.

Pour surmonter les obstacles à la communication, une approche narrative et visuelle est utilisée afin d’établir un dialogue plus efficace avec le public, de l’aider à comprendre le contenu présenté et à visualiser le résultat de l’aménagement. La communication narrative visuelle est particulièrement utile aux collectivités ayant vécu des situations ambiguës, des malentendus ou des déceptions lors de projets antérieurs, ou à celles qui craignent de perdre l’identité historique de leur quartier. L’un des avantages les plus importants des graphiques et des illustrations est de montrer l’intégration des nouveaux aménagements dans le contexte du quartier existant, ainsi que les éléments auxquels les gens tiennent le plus au sein de leur collectivité et qui seront conservés.

La collectivité au cœur du projet

Les membres de la collectivité doivent être au cœur des plans d’aménagement axé sur les transports en commun élaborés par les municipalités et les experts. Dès les débuts d’un projet, un plan de mobilisation à la fois ambitieux et flexible est crucial. Évaluer l’efficacité et la portée de la participation tout au long du processus et impliquer les collectivités, tant à l’étape de la conception qu’à celle de l’évaluation du plan, est essentiel. Il faut aussi montrer clairement comment la contribution des participants est reflétée dans les recommandations et les plans finaux. Faire preuve de reconnaissance envers les collectivités pour leur contribution, les encourager à être fières de la vision qu’elles ont créée, et célébrer et souligner la fin du projet est aussi important.

La planification des réseaux de transport en commun a des effets importants sur les collectivités, qui s’étaleront sur des décennies. En plaçant celles-ci au centre du processus de planification, cela favorise l’acceptation, l’équité et les retombées économiques. Alors, que la consultation commence!